Décryptage. Pourquoi le manque d'un véritable 12 en équipe de France est problématique ?

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Si la paire Jonathan Danty / Gaël Fickou reste la paire la plus utilisée par Fabien Galthié durant son mandat, le staff des Bleus semble avoir du mal à trouver de nouveaux centres aussi complémentaires. En prévision de la prochaine coupe du monde, le XV de France teste différents joueurs afin de trouver sa paire titulaire, même si le manque d'un véritable 12 se fait ressentir. Quelles différences entre un 12 et un 13 ? Dans les lignes arrières, le premier centre est généralement un gros porteur de balle, plus puissant que le numéro 13, qui aura tendance à jouer les duels sur les extérieurs grâce à sa vitesse. À l'image de ce que réalise Bundee Aki avec l'Irlande, le numéro 12 touche énormément de ballons au centre du terrain pour fixer des joueurs adverses et libérer plus d'espaces pour ses coéquipiers. Le premier centre possède donc un rôle primordial pour créer de l'avancée et franchir la ligne d'avantage, lors d'une première possession, après une phase de conquête par exemple. Son impact se fait également ressentir en défense, puisqu'une des qualités primordiales du numéro 12 moderne est de réaliser des plaquages offensifs au centre du terrain. Ce joueur se doit de remporter son duel pour empêcher l'équipe adverse de mettre en place son jeu de mouvement, en essayant de profiter d'un potentiel décalage. Pour ralentir le jeu, le premier centre s'implique beaucoup dans les phases de ruck, pour éviter les libérations rapides au sol des porteurs de balle. Des joueurs comme Jonathan Danty, Jan Serfontein ou encore Juan Ignacio Brex se distinguent régulièrement par leur qualité de grattage. Il existe cependant une exception concernant cette différence entre le poste de premier et deuxième centre, quand une équipe décide de jouer avec un demi d'ouverture en 12. Cette option d'un dix-douzième permet à une équipe de posséder un joueur avec un bon jeu au pied supplémentaire, mais surtout d'assurer la continuité du jeu. Avec deux meneurs de jeu dans la ligne d'attaque, une équipe peut continuer son mouvement offensif, même si le 10 titulaire est pris dans un ruck. Cette option marche encore mieux quand le demi d'ouverture et le premier centre sont des bons défenseurs. Cette composition d'équipe implique également un numéro 13 plus puissant, complémentaire, comme lorsque Manu Tuilagi était aligné avec l'Angleterre aux côtés de George Ford et Owen Farrell. Un des meilleurs exemples de dix-douzième reste l'association toulonnaise entre Jonny Wilkinson et Matt Giteau. Une paire qui a parfaitement su alterner le jeu du RCT, notamment lors de deux des trois titres européens (du triplé 2013, 2014 et 2015) des joueurs de la Rade. Les stratèges anglais et australien étaient d'ailleurs associés à Mathieu Bastareaud en 13, pour apporter plus d'impact dans une ligne de trois-quarts composée de joueurs comme Drew Mitchell et Bryan Habana. Plusieurs options pour les Bleus mais pas de véritable 12 Mis à part le Rochelais Jonathan Danty, qui enchaîne les pépins physiques et a déclaré forfait pour le Tournoi des 6 Nations suite à une blessure au genou. La France ne possède pas de véritable 12, porteur de balle, semblable à des joueurs comme Bundee Aki, Damian de Allende ou Ollie Lawrence. Le sélectionneur Fabien Galthié a essayé différentes combinaisons et semble privilégier la paire Yoram Moefana / Pierre-Louis Barassi qui sera titulaire face à l'Angleterre. Même si Yoram Moefana a davantage le profil d'un second centre, lui qui avait joué ailier lors du dernier match d'ouverture du tournoi des 6 nations contre l'Irlande. En attendant l'éclosion sur la scène internationale des prometteurs Nicolas Depoortère, Emilien Gailleton et Paul Costes. Des joueurs qui sont, eux aussi, plus proches d'un profil de deuxième centre, avec beaucoup de vitesse et une capacité à jouer des duels sur leurs qualités d'appuis. Ces derniers sont d'ailleurs souvent associés à des profils plus puissants en club, comme Rohan Janse Van Rensburg et Pita Ahki. Les Bleus ne possèdent pas beaucoup de solutions en tant que véritable premier centre, mis à part le jeune Clermontois Léon Darricarrère, qui enchaîne les belles performances avec l'ASM et le numéro 12 dans le dos. Une autre possibilité que le staff tricolore a déjà essayée est celle d'aligner Matthieu Jalibert aux côtés de Romain Ntamack, qui occuperait le poste de centre. Une option qui avait été réalisée lors du match du XV de France contre l'Argentine en 2021, lors de la tournée d'automne. Une rencontre qui a terminé sur une victoire des Bleus sur le score de 29-20. Cette alternative n'avait pas été concluante, puisque Fabien Galthié avait décidé de privilégier les paires Danty / Fickou et Vakatawa / Fickou par la suite. L'importance primordiale d'un premier centre Le XV de France ne semble pas encore avoir trouvé l'alternative à Jonathan Danty et aux glorieux ainés comme Yannick Jauzion, Mathieu Bastareaud, Denis Charvet, Florian Fritz… Ce poste de 12 est sûrement la pièce manquante de l'effectif français quand l'équipe est au complet. Cette recherche doit être une des priorités des tricolores en prévision de la prochaine coupe du monde, surtout face à des équipes qui ont des paires de centre très complémentaires, ayant de l'expérience ensemble. Un premier centre comme Bundee Aki est indispensable au système de jeu irlandais pour créer des différences physiquement, même face à une défense agressive, comme c'était le cas le week-end dernier lors de la rencontre entre le XV du Trèfle et le XV de la Rose. Même cas de figure pour l'Écosse avec Sione Tuipolotou, qui est devenu un cadre de l'équipe du sélectionneur Gregor Townsend, et dont l'absence (sur blessure) pour ce tournoi va cruellement manquer au XV du Chardon. Ce constat est similaire pour les nations de l'hémisphère sud, qui s'appuient sur des joueurs comme Damian de Allende, Jordie Barrett ou Santiago Chocobares pour fixer leurs adversaires sur une première prise du centre du terrain et créer des espaces sur les extérieurs. Ce profil de joueurs se charge aussi de cibler le demi d'ouverture, que ce soit sur les prises de balles lors des premières phases de jeu ou en défense. Ce fut le cas la semaine dernière avec le centre de Bath Ollie Lawrence sur le joueur du Leinster Sam Prendergast, mais aussi lors de la dernière coupe du monde, avec l'ouvreur du XV de France Matthieu Jalibert qui avait été visé par le Sud-africain Damian de Allende durant l'ensemble de la rencontre. Nul doute que le numéro 10 bordelais sera encore recherché par les Anglais ce samedi à Twickenham, qui se méfient de ses qualités offensives, lui qui est en très grande forme avec son club de l'UBB.

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