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XV de France. Pourquoi la communication sera la clé pour déjouer les tactiques huilées de l'Irlande ?
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Aujourd'hui à 11:10 AM
Dimanche dernière à Rome, les Bleus de Galthié ont réalisé une performance qui est passée à la postérité. Aussi bien termes de points marqués. Qu'en raison de l'écart au tableau d'affichage. Lequel aurait pu être encore plus important sans les trois essais encaissés par le XV de France. S'il est concevable que les Italiens, avec leurs talents, parviennent à trouver la faille dans le rideau défensif tricolore. Comme ce fut le cas sur la réalisation de Paolo Garbisi à quelques mètres de l'en-but. Les deux précédents essais de la Squadra laissent planer quelques inquiétudes pour la suite du Tournoi. Et notamment pour le déplacement à Dublin le 8 mars prochain. Une défense collective en manque de repères Deux essais encaissés trop facilement en plein centre du terrain, et une impression de flottement entre les joueurs. Faut-il pointer du doigtle centre du Stade Toulousain Pierre-Louis Barassi ? Pas si vite, selon Hugo Bonneval, ancien ailier du XV de France, qui livre son regard affûté sur ces difficultés défensives lors d'une émission pour FT SPORTS. 6 Nations. Et si l'atout numéro 1 du XV de France n'était pas celui auquel tout le monde pense ?Les deux essais italiens sont arrivés de manière bien trop simple, mais pour Bonneval, il serait injuste d'incriminer un seul joueur. « La défense est collective et c'est jamais évident de faire le bon choix. C'est toujours facile de juger depuis son canapé avec des images arrêtées, mais sur le terrain, c'est une autre histoire. » Les Italiens ont parfaitement joué leur coup, exploitant une fenêtre d'hésitation entre les centres. Si Barassi a été pris sur l'intérieur, il ne faut pas oublier qu'il forme une paire inédite avec Yoram Moefana. « Ces deux-là n'ont jamais joué ensemble avant le Tournoi, et on sait que la coordination en défense demande du temps. » Surtout dans ces zones qui sont extrêmement compliquées à défendre avec un porteur de balle qui arrive avec une option dans le dos, une option qui vient couper la ligne, etc. Un problème de communication plus que de technique Hugo Bonneval insiste sur un point crucial : ces erreurs ne sont pas dues à des défaillances techniques. « Moefana et Barassi sont d'excellents défenseurs. Ce ne sont pas des joueurs qui manquent leurs plaquages ou plongent du mauvais côté. Ce sont des erreurs de lecture, de confiance, et de communication entre eux. » On peut aussi rappeler que les changements de charnière et du triangle arrière ne leur ont certainement pas facilité la tâche. Les Italiens ont joué simple mais efficace, exploitant des situations que les Irlandais, futurs adversaires des Bleus, maîtrisent à la perfection. « C'est ce qui m'inquiète : l'Italie marque sans produire d'efforts. » Les Irlandais, eux, vont multiplier les redoublées et les courses croisées pour créer encore plus de doutes dans la défense française. Pour Bonneval, la solution ne tient pas à un changement d'hommes, mais à une meilleure communication sur le terrain. « Les centres doivent se parler en permanence. Ils doivent savoir qui prend qui, et surtout avoir confiance en leurs coéquipiers à l'intérieur et à l'extérieur. » Il rappelle à quel point Gaël Fickou était essentiel dans ce rôle de chef de cordée défensive. Sans lui, les automatismes sont encore à construire. Si Shaun Edwards l'a nommé capitaine c'est « parce que Gaël a cette capacité et cette faculté à te rattraper tous les coups, rassurer les mecs autour de toi et jouer ce rôle de portier. C'est "tu viens là, je t'amène dans mon entonnoir". » Le Racingman va-t-il retrouver sa place pour ce choc décisif de la 4e journée ? Et les ailiers, alors ? Ils ont aussi un rôle décisif. Quand tu es 13, le joueur intérieur doit beaucoup t'aider. Il a un gros boulot à faire aussi. Parce que lui, il prend les tractopelles plein fer, donc il est aussi un petit peu, de temps en temps sur les talons. Mais les joueurs extérieurs qui ont un peu plus de recul vis-à-vis de l'action, qui ont un peu plus de visu, qui n'ont pas les œillères à fixer les hommes, eux, doivent parler. Eux doivent aussi aider Pierre-Louis Barassi et lui dire "tu prends lui et moi j'ai derrière et moi je coupe, donc tu n'as pas à te soucier des mecs dans le dos". Un travail de communication à renforcer L'Italie a montré la faille, mais c'est l'Irlande qui risque de s'y engouffrer avec férocité. Les Irlandais sont des as de ces schémas d'attaque : une première vague, un joueur qui coupe la ligne, un soutien dans le dos, et c'est essai. Un scénario qui rappelle les essais encaissés par les Bleus à Rome. S'il y a une chose que Bonneval espère voir contre l'Irlande, c'est une défense plus compacte, plus solidaire, et surtout plus bruyante sur le terrain. Si Moefana n'est pas le plus loquace des Bleus sur le pré, il a justement travaillé sur cet aspect de sa personnalité ces derniers mois. Le moment est parfait pour en voir les fruits. La leçon italienne a été douloureuse par moment. Et on imagine très bien Edwards bouillir sur son siège pendant la rencontre. Il reste à voir si elle portera ses fruits contre le XV du Trèfle. Nul doute que le staff aura eu vite faire d'analyser les erreurs qui ont conduit aux essais italiens. Reste à savoir si les Bleus sauront les corriger pour éviter d'être punis plus sévèrement par Lowe et surtout Aki.