
Qatar, Golfe et Mondial 2035 : et si la prochaine Coupe du monde de rugby se jouait… dans le désert ?

Hier à 04:10 AM
Et si la Coupe du monde de rugby posait ses valises en plein désert ? C'est le rêve que caressent aujourd'hui le Qatar, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. À l'initiative d'Asia Rugby, les trois poids lourds du Golfe envisagent une candidature commune pour accueillir le Mondial en 2035, voire en 2039 selon le Times. L'idée : capitaliser sur les immenses moyens financiers de la région, ses infrastructures flambant neuves, et l'expérience acquise lors de grandes compétitions sportives internationales, comme la Coupe du monde de football organisée au Qatar en 2022. VIDÉO. Coincé sur le parking, Matthieu Jalibert amorce une relance de génie qui a fait lever l'Arena Une candidature qui veut bousculer les codes Le président d'Asia Rugby, Qais Al Dhalai, ne cache pas son enthousiasme dans les colonnes du Times : « Ce serait l'événement le plus réussi de l'histoire du rugby », affirme-t-il avec aplomb. Pour lui, les stades sont déjà prêts, la logistique est en place et les économies du Golfe n'ont plus à faire leurs preuves. De quoi imaginer un tournoi au niveau de celui du Japon en 2019, voire au-delà. Le modèle multivilles, voire multipays, est d'ailleurs au cœur de la stratégie : « Pourquoi ne pas s'inspirer du football et organiser la Coupe du monde entre plusieurs nations voisines ? » avance Al Dhalai, en référence aux projets conjoints du Mondial 2026 ou 2030 en football. Un projet en totale rupture avec la tradition Mais si l'idée séduit certains sur le papier, elle soulève de nombreuses interrogations. Sportivement d'abord : aucun des trois pays concernés ne présente aujourd'hui une sélection compétitive. Les Émirats arabes unis pointent au 48e rang mondial, le Qatar au 87e, et l'Arabie saoudite n'a disputé son premier match international qu'en 2016. Organiser une Coupe du monde dans une zone sans tradition rugbystique réelle, où le XV reste marginal même parmi les expatriés, pose inévitablement question. Deuxième point de friction : le calendrier. Si cette candidature venait à aboutir, le Mondial devrait probablement être déplacé de septembre-octobre à décembre-janvier en raison de la chaleur accablante de l'été. Une option qui bouleverserait le calendrier international, avec un Tournoi des Six Nations amputé ou déplacé, et des saisons de clubs lourdement impactées. TRANSFERT. 1 match de Nationale et le Top 14 s'arrache déjà ce ''petit Dupont'' de 17 ans Entre vitrine et soft power Cette volonté de s'immiscer dans l'agenda du rugby mondial n'est pas anodine. Elle s'inscrit dans une logique bien connue de soft power, déjà observée dans le football, le golf ou encore la Formule 1. En s'appropriant des événements majeurs, les États du Golfe cherchent à diversifier leur image, développer leur attractivité touristique et affirmer leur puissance sur la scène internationale. Ce que vous devez RETENIR: Aujourd'hui, le rugby asiatique est au bord de la scission entre 2 blocs: Ouest et Est. L'Ouest (soutenu par le président d'Asia Rugby, l'émirati Qais Al-Dhalai) va soutenir la candidature de 🇦🇪🇸🇦🇶🇦pour 2035. L'Est va soutenir celle du 🇯🇵 pour 2035. https://t.co/PisQ3Jf2c2 — Asie Rugby (@AsieRugby) March 31, 2025 Mais le rugby est-il prêt à suivre le même chemin que le football ? La Coupe du monde 2027 aura lieu en Australie, celle de 2031 aux États-Unis. En ligne de mire pour 2035, l'Italie et l'Espagne ont déjà manifesté leur intérêt, tout comme l'Afrique du Sud. Face à eux, une candidature du Golfe ferait figure d'ovni, audacieuse pour certains, incohérente pour d'autres. Ce que World Rugby a à y gagner… ou à perdre En misant sur le Golfe, World Rugby pourrait ouvrir une nouvelle frontière à son sport, avec des retombées économiques potentiellement colossales. Mais à quel prix ? Entre les questions de droits humains, les polémiques liées aux précédents événements organisés dans la région, et la possible fracture avec les supporters historiques du rugby, cette opération séduction n'est pas sans risque. En attendant, Qais Al Dhalai continue de rêver grand : « Rien n'est impossible », clame-t-il. L'avenir dira si ce rêve d'orient deviendra une réalité pour le rugby mondial… ou un mirage.