Le rugby au Burkina Faso, petits moyens pour beaucoup de talents- Loin des Bleus, près du cœur #6

En Afrique, la pratique du rugby à XV est précaire. Revenu vers ses racines, Antoine Yaméogo tente de développer le rugby au cœur de l'Afrique de l'Ouest. Pur produit de la formation francilienne, il constate rapidement la faible culture de l'ovalie dans le pays dont est originaire son père. Depuis 2017, il a mis en place des compétitions de jeunes et a activement participé à la formation d'éducateurs pour changer cette situation. Le Burkina Faso peut-il devenir un vivier de joueurs pour l'Europe ? « Au Burkina Faso, et de manière générale dans beaucoup de pays d'Afrique francophone, les joueurs jouent pieds nus, sur des terrains en terre battue. La même que l'on peut voir à Roland Garros. De tout ce qu'on peut imaginer de la pratique du rugby en France, on en est très loin ici », développe le Burkinabé. Grâce aux binationaux et à la diaspora originaire d'Afrique francophone présente en France, le Burkina Faso a pour objectif de toucher du doigt le haut-niveau, malgré le maigre budget de la fédération (30 000 € par an). Au fil des années, des éducateurs ou des joueurs venus de France se mélangent aux pratiquants locaux, pour venir aider au développement et hausser le niveau de jeu le temps de quelques jours. La France peut-elle aider l'Europe latine à devenir un grand du rugby ? - Loin des Bleus, près du cœur #5 La consécration au Stade Toulousain Grâce au préparateur physique du Stade Toulousain, Zeba Traore, la fédération du Burkina Faso a eu l'occasion d'envoyer deux de ses meilleurs talents aux détections des Rouge et Noir. « C'est une énorme fierté. On est le premier pays d'Afrique, hors Afrique du Sud, à le faire. De plus, on s'est rendu compte que nos jeunes n'étaient pas si perdus. Pourtant, le Stade Toulousain est sûrement le meilleur club du monde et son centre de formation n'est pas en reste », narre Antoine Yaméogo. Par ailleurs, ce partenariat a été répliqué avec le Monaco Rugby, cette fois pour le rugby à 7. Cependant, la fédération ne veut pas se reposer uniquement sur une aide extérieure. La méthode du pays paye et leur a permis, par exemple, de se qualifier en quart de finale de la Rugby Africa Cup en 2022. On parle plus souvent des éducateurs ou des acteurs qui viennent de France, dont moi, mais sur place, il y a des personnes incroyables. Alors que les moyens sont très limités, ils arrivent à former admirablement des jeunes. Par exemple, il n'y a pas d'écoles de rugby, mais on voit des joueurs qui ont de la technique, comme une bonne passe des deux côtés. C'est fou. Finalement, l'apport des techniciens étrangers réside dans les détails qui définissent le haut niveau." Anglais et Irlandais, en ont-ils quelque chose à faire du rugby français ? - LOIN DES BLEUS, PRÈS DU CŒUR #4 Avec cette réussite comme preuve, il affirme que la région est un vivier qui pourrait aider au développement du rugby français. Il explique qu'en Afrique de l'Ouest, il y a des « gabarits qui feraient pâlir les Fidjiens » et évoque une variété des morphotypes de joueurs, permettant un apport à tous les postes. « Les championnats français gagneraient à miser sur des Africains, comme Robins Tchale-Watchou par exemple, car beaucoup parlent français et s'intégreraient facilement. Cependant, le but du rugby africain ne doit pas être d'envoyer une colonie de joueurs en France. La plupart se plaisent à rester au pays », nuance Antoine Yaméogo. À l'ouest, la ville de Bobo-Dioulasso, deuxième plus peuplée du pays et principale terre de rugby, regroupe « 70 % des joueurs de l'équipe nationale, à sept et à quinze. » Avec du talent, mais peu de moyens, le Burkina Faso écrit son histoire, que ça soit seul ou avec des passions venues d'ailleurs. Du Burkina Faso à Marcoussis, découvrez l'aventure inespérée de ces jeunes joueurs

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